Le chocolat, un plaisir très coupable
Comme le soulève justement Frédéric Amiel, auteur de « Petite histoire de la mondialisation à l’usage des amateurs de chocolat », le chocolat symbolise notre système mondialisé et est emblématique d’un capitalisme à bout de souffle enfermé dans ses propres contradictions.
Bon, on ne va pas se mentir, disons les choses telles qu’elles sont : le chocolat fait partie de ces produits dont l’empreinte écologique donne le tournis 😵💫, outre des conditions de production et de rémunération socialement plus que discutables.
Et l’empreinte écologique du chocolat, on en parle ?
Depuis sa culture, jusqu’à son exportation, en passant par sa récolte et par son emballage : chaque étape de sa production devrait poser un réel problème éthique à tout consommateur écoresponsable qui se respecte.
L’empreinte carbone du chocolat
Environ 17 kilos équivalents carbone sont émis par kilo de chocolat produit 😱. Comment l’expliquer ? Du fait de la transformation des fèves de cacao dans des usines chargées de les broyer et de les torréfier, avant de chauffer et de moudre le chocolat. Ces processus sont très gourmands en énergie.
Par ailleurs, pour parvenir jusqu’à nous, le chocolat a un peu de chemin à faire. Les plus grands producteurs de cacao son en effet la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Indonésie, le Brésil et l’Équateur ! Résultat : Une empreinte carbone bien loin d’être négligeable pour ce produit si convoité.
Culture de cacao et déforestation
En outre, la culture de cacao est à l’origine d’une importante déforestation 🪵, ce qui permet aux petits producteurs d’abaisser au maximum ses coûts de production, et de vivre plus décemment : déforester permet en effet de bénéficier de sols riches et fertiles à court terme, et de produire plus de cacao.
La Côté d’Ivoire, par exemple, a perdu 80% de ses forêts en 60 ans. De son côté, le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, a vu plus de 7 000 kilomètres carrés de forêts s’envoler au profit des cultures de cacao rien qu’entre 2001 et 2014, d’après une étude de l’ONG Migthy Earth de 2016.
Les conséquences de la déforestation sont dévastatrices pour la faune sauvage, poussant de nombreuses espèces au bord de l’extinction, de même qu’en matière de réchauffement climatique. 🐘 Les éléphants, par exemple, étaient des dizaines de milliers à l’origine en Côte d’Ivoire, et ne sont plus que 200 à 400 individus aujourd’hui. 👉 Pourquoi parle-t-on de la sixième extinction ?
Peut-on espérer que la nouvelle réglementation européenne visant à interdire l'importation de produits dérivés issus de la déforestation, parmi lesquelles on trouve la viande bovine, le cacao, le café, l’huile de palme ou le soja, publiée en décembre 2022, portera ses fruits et engendrera une réforme de la filière 💪 ? |
La consommation d’eau
Par ailleurs, la culture du cacao est également très gourmande en eau 🌊 : plus de 17 000 litres d’eau seraient nécessaires pour produire un kilo de chocolat, ce qui place cet aliment en tête des plus assoiffés, devant le café ou la viande bovine.
👉 Les bons gestes pour économiser l'eau en période de sécheresse
L’huile de palme, la cerise sur le gâteau (au chocolat)
Sans oublier que de nombreux chocolats achetés en grande surface sont également composés d’huile de palme, problématique à elle toute seule 🌴. À noter qu’en France, nous aimons abuser des bonnes choses et consommons en général du chocolat à 30% de cacao, tandis que la moyenne européenne avoisine les 3 à 4 % : une habitude qui alourdit encore un peu plus la facture pour la planète 🌍…
La précarité des producteurs et le travail des enfants
Enfin, seuls quelques géants industriels se partagent les énormes parts de gâteau au chocolat de la production de cacao. Ils ne manquent pas au passage d’étrangler comme il se doit les petits producteurs 😠.
Leurs rémunérations sont donc bien loin d’être à la hauteur et qui provoque une grande précarité et des situations sociales et humaines inacceptables, favorisant au passage les mauvaises pratiques, comme l’emploi massif de pesticides pour éviter au maximum les pertes financières.
C’est ainsi que plus de la moitié des cacaoculteurs vivent sous le seuil de pauvreté et que la culture de cacao soulève le problème bien réel du travail des enfants : des millions d’enfants travailleraient dans ces plantations, des enfants qui n’ont jamais goûté le moindre carré de chocolat, un bien cruel paradoxe.
Faut-il se passer de chocolat pour autant ? S’agit-il d’une sanction cruelle mais nécessaire ? Grand Dieu, non ! En matière de production de chocolat, c’est comme pour tout : il y a ceux qui jouent le jeu, et ceux qui font passer le profit avant tout.
Un chocolat éthique et durable, c’est possible ?
Pour cela certaines certifications offrent des garanties, comme c’est le cas des labels « Commerce Equitable » :

Les garanties majeures du commerce équitable sont les suivantes :
- La garantie d’un prix minimum d’achat pour les producteurs 🤑 ;
- Une garantie de traçabilité. Ainsi, le cacao équitable est souvent originaire du Pérou, d’Équateur et de République dominicaine.
Aujourd’hui, 5 % seulement du cacao français bénéficie d’une certification équitable, un secteur à soutenir absolument. Un marché de niche, certes, mais en forte expansion.
Les disparités en matière de labels
Mais même au sein des labels, on connaît une grande disparité : tous n’ont pas les mêmes exigences ni les mêmes règles de traçabilité. Il faut en effet soulever que lorsqu’une tablette de chocolat est labellisée bio, la traçabilité physique des fèves de cacao est obligatoire, mais que les labels « Commerce Equitable » se contentent parfois d’une traçabilité comptable approximative. 👉 Comment faire pour manger bio et pas cher ?
Ainsi, même dans le cas du commerce équitable, certains labels fixent des tarifs à peine supérieurs à ceux du marché 🙄, notamment le label abel Fairtrade/Max Havelaar, bien que certaines marques sortent du lot, ce qui est le cas du label Symbole des producteurs paysans et du label agriculture biologique.
Le chocolat labellisé Commerce Equitable ET bio, le combo gagnant
Conclusion : il ne faut jamais acheter du chocolat les yeux fermés 🙈, et toujours s’intéresser à sa provenance et à ses conditions de production. La seule possibilité pour un consommateur d’être bien sûr d’acheter un produit qui satisfait à des exigences à la fois environnementales et sociales est de privilégier les marques labellisées Commerce Equitable ET bio.
👉 Slow food : pour une alimentation bonne, propre et juste
À retenir :
À la veille de la véritable chocolat-mania des fêtes de Pâques, une question centrale se pose dans l’esprit des consommateurs écoresponsables : le chocolat éthique et durable existe-t-il ? Puis-je continuer à acheter et à manger du chocolat sans devenir complice du désastre écologique et social engendré par ce secteur ? Déforestation, travail des enfants, empreinte carbone… Des choix lourds de conséquence. Bonne nouvelle pour les amateurs de chocolat, en choisissant une marque portant à la fois un label de Commerce équitable ET un label bio, vous êtes certains du respect de critères environnementaux et éthiques stricts. Ouf !
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Sources : radiofrance.fr, europe1.fr, notre-planete.info, fne.asso.fr, reporterre.net
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