L’empreinte eau, ou eau virtuelle : le concept

Mis à jour le par Equipe Rédaction

L’empreinte carbone, tout le monde, ou presque connaît. Mais l’empreinte eau, ou empreinte hydrique est une notion plus méconnue, et pourtant tout aussi importante. A l’heure où l’eau douce est une ressource de plus en plus sous tension, dans un contexte où déjà, 2/3 de la population mondiale souffre d’une grave pénurie d’eau pendant au moins un mois par an, et où 500 millions de personnes dans le monde y sont confrontés tout au long de l’année, réduire son empreinte eau est tout aussi important que réduire son empreinte carbone. De quoi s’agit-il ? Comment la calculer, la réduire ? Explications 👇

L’empreinte eau, ou eau virtuelle : le concept

C’est quoi, l’empreinte eau ?

L’eau que nous consommons au quotidien ne se résume pas à l’eau que nous buvons pour nous désaltérer, ni même à l’eau dont nous nous servons pour nous laver, entretenir notre linge, ou arroser notre jardin. Non, ça n’est que la partie immergée de l’iceberg. Car l’eau, chacun le sait, est vitale pour tout organisme sur terre : elle est nécessaire à toute production agricole, industrielle, quelle qu’elle soit. Et par extension, lorsque vous consommez 1 kg de blé, virtuellement, vous consommez les 1000 litres d’eau qui ont été nécessaires pour le faire pousser. Si vous rapportez ça à tous les postes de consommation qui sont les vôtres au quotidien, vous aurez alors une vague idée de votre réelle empreinte eau : c’est l’eau virtuelle réellement utilisée pour vos besoins de tous les jours.

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🤓 L’empreinte hydrique comprend ainsi l’ensemble de l’eau utilisée de manière directe ou indirecte pour la production des matières premières, de l’énergie, la fabrication des produits et services, leur distribution, de même que le traitement des déchets afférents.

Ce concept inventé par John Anthony Allan du King’s College de Londres, au début des années 90 propose donc de mesurer les impacts de l’activité humaine globale sur l’eau en calculant la teneur en eau virtuelle de chaque produit. Il est ensuite devenu un indicateur de l’usage direct ou indirect de l’eau par les producteurs ou les consommateurs, mise au point pour l’UNESCO par le professeur Arjen Y. Hoekstra en 2002, professeur de Gestion Hydrique à l’université de Twente (Pays-Bas).

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Empreinte eau de production vs/ empreinte eau de consommation

On peut également dissocier l’empreinte eau de production de l’empreinte eau de consommation. En France, on estime ainsi que l’empreinte eau de consommation moyenne par personne et par an s’élève à 1 875 m3, contre 2 483 m3 pour un Américain, et 702 m3 pour un chinois.

Une fois encore, et tout comme dans le cas de l’empreinte carbone, on relève de grandes inégalités dans le monde 😠. Pourtant, comme toute ressource naturelle limitée, le volume d’eau douce par habitant est de fait limité, et doit être partagé, de sorte que la consommation moyenne annuelle par personne doit diminuer, en particulier dans certains pays. Et pour cela, il faut bien, en amont, commencer par la calculer.

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Quel est l’intérêt de connaître son empreinte eau ?

Mesurer le gaspillage d’eau douce permet de le limiter, et certains produits du quotidien sont extrêmement gourmands en eau ! Chaque aliment, chaque produit est source d’un gaspillage virtuel, dans un contexte où la disponibilité d’eau douce préoccupe de plus en plus 🫗.

Demain, peut-être, imposera-t-on à chaque industrie de quantifier son empreinte eau afin de mieux encadrer son usage et de participer à mesurer la durabilité des entreprises ? Les consommateurs, mieux informés, pourraient faire leurs choix en toute connaissance de cause, ce qui leur est impossible aujourd’hui, les renseignements en la matière faisant tout simplement défaut.

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Des postes de consommation plus assoiffés qu’il n’y paraît

Par exemple, 1 kg de bœuf aura nécessité 16 000 litres d’eau 🥩 : eh oui, il a bien fallu abreuver et nourrir ce bétail pendant plusieurs années avant qu’il n’atterrisse dans votre assiette, avec du fourrage, du foin, de l’orge, du soja… Eux-mêmes très gourmands en eau. Votre tee-shirt en coton, en fonction des méthodes de calcul retenues, c’est environ 2500 litres d’eau à lui tout seul ☕. 1 kg de riz nécessite 2975 litres d’eau, et 1kg de café, plus de 20 000 ! Tout mis bout à bout, ça commence à faire…

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Comment calculer son empreinte eau ?

Plusieurs méthodes existent pour calculer l’empreinte hydrique, dont les trois principales sont les suivantes 🤓 :

  • Le Water Footprint Network (« Water Scarcity Indicator »), qui est le réseau de référence sur l’empreinte eau, et qui propose un outil de calcul en ligne ;
  • La méthode dite Pfister (« Water Stress Index ») ;
  • Et la méthode AWARE (« Relative Available Water Remaining »).

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Globalement, elles consistent toutes trois à calculer les volumes d’eau consommés et prélevées à toutes les étapes du cycle de vie d’un produit ou d’un service, de manière directe ou indirecte. Certaines méthodes prennent en compte le critère de stress hydrique et permettent d’identifier l’intensité des impacts que représente l’eau consommée, car l’impact d’une consommation massive d’eau en zone aride n’est pas le même que dans une région où elle est plus abondante.

Eau consommée, eau prélevée mais restituée, impact des polluants… De nombreuses nuances viennent pondérer les résultats d’un calcul résolument complexe 🤔 🤯. La méthode adoptée par le Water Footprint Network, notamment, établit une distinction entre l’eau verte (celle issue des précipitations, stockée dans les sols), l’eau bleue (l’eau de surface et l’eau souterraine, prélevée dans les rivières, les lacs ou nappes) et l’eau grise (désignant la quantité d’eau nécessaire au traitement des eaux usées issues de la production des biens et services).

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La France et l’Europe, grandes importatrices d’eau virtuelle

En tant qu’exportateur de produits agricole, la France est également exportatrice d’eau virtuelle. Mais en réalité, l’empreinte eau de la France dépasse de plus de deux fois la ressource prélevée sur son sol, d’après les conclusions du rapport « Eau et milieux aquatiques, Edition 2020 ». Globalement, en Europe, on la joue stratégique : on importe des marchandises nécessitant de grosses quantités d’eau douce, de sorte que de nombreuses régions du monde se retrouvent en stress hydriques pour satisfaire nos besoins. Notamment, 84% de l’empreinte eau liée à la consommation de coton dans l’UE est délocalisée dans d’autres pays comme l’Inde ou l’Uzbekistan…

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À retenir

L'eau douce ne représente que 2,5 % de l'eau sur la planète, une ressource de plus en plus sous tension à la faveur du réchauffement climatique. Si l’empreinte carbone est dans tous les esprits, la notion d’empreinte eau est pourtant plus discrète. Pourtant, calculer l’eau virtuelle utilisée au quotidien par un individu, une entreprise ou un pays permet d’avoir une vision réelle de l’eau qui a été réellement utilisée. Réduire sa consommation d’eau à la maison et éviter le gaspillage est un premier pas vers plus de sobriété, mais le plus gros de notre empreinte hydrique est en réalité imputable à nos choix de consommation, certains produits du quotidien étant extrêmement gourmands. Le volume d’eau douce par habitant dans le monde doit être partagé, et l’eau virtuellement importée est responsable d’un important stress hydrique dans d’autres régions, plus vulnérables, de la planète.  

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Sources : cieau.com, reporterre.net, youmatter.world, eaudyssee.org, un.org, eau.selectra.info, statistiques.developpement-durable.gouv.fr

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