L’empreinte carbone des fruits et légumes importés
Il faut savoir que le transport des aliments destinés à la consommation humaine produit chaque année 3 milliards de tonnes d’équivalent CO2, d’après une étude publiée dans la revue Nature.
Sans surprise, les pays les plus riches sont les plus à blâmer : ils portent en effet la responsabilité de plus de 45% de ces kilomètres alimentaires, tout en ne représentant que 12,5% de la population mondiale 😒.
En France, par exemple, l’Ademe estime qu’1/4 de l’empreinte carbone de chacun d’entre nous est imputable à l’alimentation (viande comprise). Notre pays importe en effet plus de 3 millions de tonnes de fruits et légumes frais cultivés en dehors de l’Union Européenne, et parfois par avion, comme c’est le cas pour les mangues. 👉 Je suis locavore et vous ? Qu'est-ce que ça signifie ?
Les fruits et légumes hors saison
Les fruits et légumes consommés hors saison, notamment, sont particulièrement délétères pour l’environnement. Outre le fait qu’ils doivent bien souvent être transportés parfois sur de grandes distances, et bien souvent être réfrigérés, ils favorisent des modes de culture qui sont loin d’être vertueux.
🍅 Votre tomate cultivée sous serre chauffée, éclairée et ventilée en plein hiver n’a clairement pas le même impact environnemental que celle qui est issue d’une exploitation locale en plein mois d’août : d’après une étude de l’Inra, elle aura nécessité 4,5 fois plus d'énergie et d'intrants que celles plantées en pleine terre.
À l’inverse, respecter la saisonnalité des produits, c’est s’adapter aux cycles naturels et bénéficier de fruits et légumes qui en plus, seront meilleurs au palais, plus riches en nutriments et moins chargés en produits phytosanitaires.
Les produits traités aux pesticides et produits toxiques
Mais au-delà de l’empreinte carbone des fruits et légumes que nous consommons, la question des techniques agricoles se pose également, et notamment du recours massif aux pesticides et engrais chimiques dans le cadre de l’agriculture intensive. Par exemple, la pomme de terre subit un arrosage record de fongicides, d’insecticides et d’herbicides 🥔.
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Pollution, épuisement des sols, déclin vertigineux de la biodiversité et notamment des insectes pollinisateurs 🐝… Si les prémisses d’une agriculture plus durable gagnent petit à petit du terrain, il est clair qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire dans ce domaine et que de nombreux fruits et légumes contiennent encore d’importantes quantités de pesticides.
À ce sujet, l’Environmental Working Group (EWG) publie une liste mise à jour chaque année des plus mauvais élèves en la matière.
📍 Le palmarès est le suivant, dans l’ordre décroissant du plus chargé en pesticides, au moins traité : les fraises, les épinards, certaines catégories de chou (chou kale et chou frisé par exemple), les pêches, les poires, les nectarines, les pommes, le raisin, les poivrons, les cerises, les myrtilles, et les haricots verts.
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Mais plus grave encore, l’UFC-Que choisir a fait un constat effarant au terme de 14 000 contrôles sanitaires officiels sur les aliments vendus en France : plus de la moitié des produits que nous consommons sont contaminés par des pesticides à risque, c’est-à-dire des substances suspectées d’être cancérogènes, toxiques pour la reproduction et/ou l’ADN, ou encore perturbateurs endocriniens 😱.
Sans surprise, les produits issus de l’agriculture intensive sont les plus concernés par ce phénomène, et notamment les cerises, dans 92% des cas, ou les pommes, pour 80% d’entre elles 🍎. Pyriproxyfène, fludioxonil, phosmet, glyphosate… Ils sont omniprésents ! Certains de ces produits ont d’ores et déjà été mis en cause et suspectés de causer des malformations fœtales, ou d’être toxiques pour la fonction reproductrice.
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Les fruits et légumes (très) gourmands en eau
🥑 L’avocat a un succès fou dans nos assiettes : sa consommation a littéralement explosé depuis 10 ans, passant de 202 millions de tonnes à 650 millions dans cet intervalle ! Tout à coup, l’avocat est ainsi devenu le 6e fruit le plus consommé au monde.
Pourtant, cet arbre des tropiques humides est un véritable gouffre en termes de consommation d’eau : plus de 100 000 litres sont nécessaires par jour et par hectare pour ces cultures. Au Chili, notamment, la situation est catastrophique, car la production d’avocats provoque un assèchement effrayant des cours d’eau et des sols.
En Andalousie, la situation n’est pas meilleure : les 10 000 hectares d’avocatiers et de manguiers qui y sont plantés font carrément peser le risque d'un « effondrement hydrologique » de la région.
👉 Sécheresse : quelles conséquences ?
Mais il n’est pas seul : les pistaches, les figues, les pêches, la banane ou encore les dattes sont également de véritables assoiffés. Les fruits à coques, comme l’amande, connaissent une demande tellement importante qu’ils causent également des sécheresses et nécessitent un important recours à l’irrigation dans certaines régions, comme au Sud de l’Espagne ou en Californie : plus de 4 000 litres d’eau douce sont nécessaires pour chaque kilo décortiqué !
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Les cultures favorisant la déforestation
Le prix du succès de l’avocat à payer pour la planète ne se résume pas à son insatiable consommation d’eau : il est également une importante cause de déforestation, notamment au Mexique, premier producteur mondial.
Les cultivateurs ne reculent en effet devant rien pour étendre leur surface agricole et planter toujours plus d’avocatiers, d’autant que les cartels de la drogue ne comptent pas laisser passer une si belle occasion de s’enrichir grâce à ce nouvel or vert et accaparent violemment les terres, réduisant à néant la forêt tropicale et la biodiversité qu’elle abrite 🌴.
Les fruits et légumes transformés
Il faut toujours se méfier des aliments transformés : ils impliquent, de fait, une importante consommation d’énergie et production d’emballage. Chaque fois que possible, privilégier des produits frais aux produits en boîte ou surgelés, exception faite de la compote qui permet d’utiliser des fruits trop mûrs ou mal calibrés, qui n’auraient pas trouvé d’autres débouchés 😉.
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À retenir
Les experts du GIEC, dans leur dernier rapport, ont à nouveau souligné la nécessité de faire évoluer notre mode d’alimentation afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le salut de la planète passera en effet par une réduction de la consommation de viande à l’échelle mondiale, dont la production coûte cher à l’environnement, et à une plus grande végétalisation du contenu de nos assiettes. Mais attention, il y a fruits et légumes, et fruits et légumes ! Sous une tomate d’apparence inoffensive se cache peut-être une culture sous serre très énergivore, des déversements irraisonnés de pesticides et produits phytosanitaires chimiques et toxiques, et des milliers de kilomètres de transport. Bonjour l’empreinte environnementale ! Le vert n’est pas toujours aussi green qu’il n’y paraît, ouvrez l’œil, et le bon 🧐
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Sources : nature.com, reporterre.net, geo.fr, quechoisir.org, sohealthy.fr, futura-sciences.com, ademe.fr, ouest-france.fr