La dune est vivante
đż Loin dâĂȘtre dĂ©sertiques et dĂ©solĂ©es, les dunes, malgrĂ© le milieu semi-aride quâelles constituent, abritent une vie foisonnante. Cochevis huppĂ©, pipit rousseline, bergeronnette grise, pinsons, faucon hobereau⊠120 espĂšces dâoiseaux diffĂ©rentes y ont Ă©tĂ© recensĂ©es par la LPO au Cap Ferret ! Lapins, lĂ©zard ocellĂ©, serpents, capricorne, hanneton foulon⊠Contre toute attente, les espĂšces animales pullulent au sein de ces Ă©cosystĂšmes si singuliers.
đ± De son cĂŽtĂ©, la vĂ©gĂ©tation qui y paraĂźt tellement fluette y est en fait dâune grande richesse. Elle abrite un vĂ©ritable trĂ©sor botanique : oyat, panicaut des dunes, armoise de Lloyd, bugrane Ă©pineuse, astragale de Bayonne, centaurĂ©e rude, linaire Ă feuilles de thym, bruyĂšre, genĂȘt, chiendent des dunes, immortelles⊠Qui a dit que la dune nâĂ©tait quâune immense Ă©tendue de sable hostile Ă la vie ?
La dune est mouvante : elle est sans cesse en mouvement sous lâeffet des embruns, avance et recule, et met la vie Ă rude Ă©preuve, semblant mettre au dĂ©fi ses capacitĂ©s dâadaptation. đ Pourquoi la dune du Pilat se dĂ©place ?
â Le saviez-vous ? En Aquitaine, lâHomme a entiĂšrement remodelĂ© la cĂŽte : 200 ans en arriĂšre, on y trouvait des champs de dunes qui pouvaient entrer de 5 Ă 15 km dans les terres, ponctuĂ©es de zones humides. Dâimmenses forĂȘts de pins et de chĂȘnes ont donc Ă©tĂ© plantĂ©es avec pour objectif de fixer la dune et de protĂ©ger les villes. De 2000 hectares de forĂȘt, on est passĂ© Ă 60 000 actuellement đČ.
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Attention, il y a dune et dune
đ€ Nuance ! Il faut dissocier ce quâon appelle la dune blanche, qui est celle situĂ©e au plus prĂšs de la plage, qui est la dune mobile, constamment redessinĂ©e par le vent, de la dune grise, plus stable et prĂ©servĂ©e, qui abrite une grande variĂ©tĂ© dâespĂšces animales et vĂ©gĂ©tales.
đ Sable, coquillages, corail... ramener des souvenirs peut vous coĂ»ter cher !
La dune est importante
Mais au-delĂ de sa forte valeur ajoutĂ©e en termes dâespace naturel et de biodiversitĂ©, la dune ne nous est pas complĂštement inutile : il sâagit dâune vĂ©ritable digue naturelle qui empĂȘche la mer de pĂ©nĂ©trer dans lâarriĂšre-pays, dont certaines zones se situent en dessous du niveau de la mer. La dune est ainsi lâun de nos meilleurs atouts contre lâĂ©rosion du littoral đȘ.
Depuis quelques annĂ©es, pourtant, lâĂ©rosion est de plus en plus souvent Ă©voquĂ©e dans les mĂ©dias, qui alertent sur le recul progressif des plages et la montĂ©e du niveau de la mer. Or, Ă©rosion rime avec submersion⊠à Soulac-sur-Mer, en Gironde, la mer a en effet progressĂ© de plusieurs centaines de mĂštres en moins dâun demi-siĂšcle, obligeant les autoritĂ©s Ă Ă©vacuer en 2014 un immeuble datant des annĂ©es 60, dĂ©sormais Ă une dizaine de mĂštres seulement de la mer : le trait de cĂŽte y a reculĂ© de 4,3 m par an entre 1957 et 2013 đ«Ł !
Ainsi, l'ocĂ©an gagne tous les ans en moyenne de 1,7 Ă 2,5 m sur la cĂŽte sableuse aquitaine. Un phĂ©nomĂšne multifactoriel, liĂ© en partie Ă la destruction du cordon dunaire longeant le littoral du fait, notamment, du dĂ©veloppement effrĂ©nĂ© du tourisme de masse, facteur clĂ© de dĂ©gradation des dunes. Or, ces mĂȘmes dunes jouent un rĂŽle majeur dans la rĂ©tention du sable. Câest donc le serpent qui se mord la queue, et la stabilisation des dunes est essentielle pour attĂ©nuer les effets du changement climatique.
On estime ainsi que jusquâĂ 50 000 foyers français seront prochainement menacĂ©s par lâĂ©rosion du littoral dâici la fin du siĂšcle. Le Centre d'Ă©tudes et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilitĂ© et l'amĂ©nagement (Cerema) a procĂ©dĂ© Ă la comparaison entre des images aĂ©riennes capturĂ©es dans les annĂ©es 30 Ă 50 avec les images actuelles, et ont pu constater que 18,6% du littoral a vu son trait de cĂŽte reculer (soit 900 km), et parfois de plusieurs mĂštres par an, avec une grande inĂ©galitĂ© des diffĂ©rentes cĂŽtes françaises, les cĂŽtes sableuses Ă©tant les plus durement touchĂ©es, notamment la Gironde, la Manche et la Charente-Maritime đ.
đ Acidification des ocĂ©ans : un problĂšme majeur, explications
Que se passe-t-il au juste quand on marche sur la dune ?
En fait, lorsque quelquâun sâaventure dans la dune, que ce soit Ă pied ou en vĂ©hicule motorisĂ©, il crĂ©e une brĂšche qui va sâĂ©largir sous lâeffet du vent et qui finira par former un cratĂšre, dâaprĂšs Paul Tourneur, chef de projet biodiversitĂ© pour lâONF Landes đ . La pression du tourisme, lâutilisation de vĂ©hicules de type 4x4 ou de vĂ©los fragilisent donc la plage et la dune. Le piĂ©tinement intempestif, qui plus est en dehors des sentiers, participe Ă ce dĂ©clin đŁ. Le piĂ©tinement des jeunes pousses, notamment d'oyats, empĂȘche la rĂ©gĂ©nĂ©ration de la dune et la fixation durable du sable. đ Ces sites menacĂ©s par les excĂšs du tourisme et le rĂ©chauffement climatique
En fait, la dune nâa pas toujours connu les mesures de protections actuelles. Avant que le sujet soit rĂ©glementĂ©, câĂ©tait un peu lâanarchie : les touristes se garaient le long de la route longeant le littoral, et marchaient jusquâĂ la plage en traversant la dune de toutes parts.
La dune Ă lâĂ©preuve du rĂ©chauffement climatique
Les consĂ©quences du rĂ©chauffement climatique frappent de plein fouet la dune par deux mĂ©canismes principaux : la montĂ©e des eaux, et les tempĂȘtes plus frĂ©quentes et violentes. Ainsi, de puissants Ă©vĂšnements mĂ©tĂ©orologiques ont mis Ă mal les dunes du littoral au cours des derniĂšres dĂ©cennies. AprĂšs la tempĂȘte Xynthia en fĂ©vrier 2010, lâhiver 2013-2014 avait Ă son tour entraĂźnĂ© une Ă©rosion massive et un franc recul, parfois massif, du trait de cĂŽte. Suivis par des phĂ©nomĂšnes venteux dĂ©but 2017, ayant entraĂźnĂ© un transfert progressif du sable vers lâest, et enfin les puissantes tempĂȘtes de lâhiver 2019-2020, impactant lourdement le sud de la cĂŽte atlantique đ”.
đ Fonte des glaciers, un problĂšme Ă ne pas prendre Ă la lĂ©gĂšre
Comment fixer la dune ?
Outre les mesures de prĂ©servation et dâinterdiction dâaccĂšs des dunes, de nombreuses stratĂ©gies sont mises en Ćuvre dans lâespoir de fixer cette derniĂšre, et lâONF y travaille dâarrache-pied !
Couvrir les cavitĂ©s de sable de branchages de genĂȘts, de bruyĂšre ou de pin, faire des boutures de gourbet et de chiendent⊠Câest en effet la vĂ©gĂ©tation fixatrice qui permet de piĂ©ger le sable et qui est salvatrice pour le cordon dunaire đ±. Les agents travaillent donc au maintien des habitats naturels et Ă la protection des milieux dunaires naturels, au moyen de clĂŽtures, de signalĂ©tiques et dâinterdictions dâaccĂšs.
đ Comment protĂ©ger les ocĂ©ans ? Ă nous de jouer !
Ă retenir :
Les dunes qui dĂ©limitent les bords de mer sont des Ă©cosystĂšmes prĂ©cieux, malheureusement menacĂ©s par le tourisme de masse et le dĂ©rĂšglement climatique. Espace mouvant, sans cesse remodelĂ© par le vent, les dunes sont vivantes et grouillent de vie. Au-delĂ de ça, les dunes Ă©rigent un rempart protecteur naturel contre lâĂ©rosion des cĂŽtes, phĂ©nomĂšne qui sâaccĂ©lĂšre sous lâeffet du rĂ©chauffement climatique et de la montĂ©e du niveau de la mer. VoilĂ pourquoi tout doit ĂȘtre mis en Ćuvre pour assurer leur conservation et leur protection, et notamment pourquoi leur accĂšs doit ĂȘtre strictement limitĂ©.
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Sources : reporterre.net, sudouest.fr, ign.fr, planet-terre.ens-lyon.fr, nationalgeographic.fr, francetvinfo.fr, onf.fr
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