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C’est quoi, la pollution lumineuse ?
L’obscurité naturelle ne cesse de décliner, et c’est un vrai problème. La pollution lumineuse ou photopollution désigne un excès de lumière artificielle émise la nuit par l’Homme, et plus particulièrement par les centres urbains 💡. Les éclairages artificiels sont alors si nombreux et omniprésents qu’ils nuisent à l’obscurité normale de la nuit. Dans les grandes métropoles, les milliers de sources lumineuses peuvent être perçues à des dizaines de milliers de kilomètres.
Lampadaires publics, éclairages des maisons, des bâtiments, des vitrines, enseignes, signalisation aérienne, maritime, bureaux allumés H24… Autant de sources tellement nombreuses qu’elles en deviennent gênantes, elles nuisent, au point de constituer une pollution. La lumière artificielle se diffuse par les gouttes d’eau, les particules de poussière et les aérosols en suspension dans l’atmosphère. C’est ainsi que la pollution atmosphérique en est l’un des facteurs aggravants.
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Ces nuisances peuvent intervenir :
- Par éblouissement, en cas de trop forte intensité des sources lumineuses 😵,
- Par intrusion lumineuse, lorsque l’éclairage déborde sur un espace qui ne lui était pas destiné (quand par exemple vous avez du mal à trouver le sommeil du fait d’un lampadaire public mal placé qui illumine votre chambre 😴),
- Par lueur du ciel, luminescence du ciel nocturne, ou Skyglow, c’est-à-dire cette luminosité accumulée (visible depuis l’espace 🚀 !) en particulier dans les zones dont l’atmosphère est particulièrement polluée,
- Par surillumination (sources de lumière vives ou excessives source d’accidents, dont l’exemple typique est la ville de Las Vegas 🕶️).
La France compterait aujourd’hui plus de 11 millions de points lumineux, soit une augmentation de 89 % depuis les années 90, avec des durées d’éclairage bien supérieur également.
Un véritable fléau pour la biodiversité
La pollution lumineuse ne se contente pas d’éteindre nos étoiles mais menace d’éteindre de nombreuses espèces animales 👉 7 applications pour reconnaître les étoiles. Le danger qu’elle présente est globalement très sous-estimé. La faune nocturne, notamment, en est très nettement perturbée. Et la faune nocturne, l’air de rien, ça fait du monde : 1/3 des vertébrés et presque 2/3 des invertébrés appartiennent à cette catégorie. Les chauves-souris sont très affectées par ce phénomène, et fuient les façades désormais éclairées qui leur servaient d’abri jadis, alors que leur population subit déjà un déclin considérable 🦇. Scarabées, crapauds, oiseaux, hérissons… Tous ces animaux s’orientent à l’aide des étoiles ou de la lune, ce qui leur est rendu impossible du fait de la pollution lumineuse 🧭.
Ces nuisances sont responsables de grandes perturbations des cycles de pollinisation nocturne (notamment par les papillons de nuit), de chasse, de reproduction, de migration, de prédation, ou encore de ponte. Par exemple, les lucioles mâles ne parviennent plus à repérer les femelles du fait de la lumière artificielle, ce qui met en péril des populations entières. Le cycle migratoire des oiseaux, qui s’orientent à l’aide des étoiles, est affecté 🐦 : désorientés, ils s’écrasent parfois sur des grandes structures de verre et d'acier éclairés, qu’ils confondent avec des surfaces en eau.
Même les animaux marins n’en sont pas épargnés. Les récifs coralliens, en particulier, déjà bien mal en point, y sont très sensibles. Les petites tortues de mer, lorsque leurs œufs éclosent, peuvent se diriger dans la mauvaise direction en confondant les lumières artificielles et la Lune. À l’inverse, les moustiques, dont on se passerait bien, sont très attirés par les lumières de la ville. Bonjour la dengue et le chikungunya 🙄 ! 👉 À quoi servent les moustiques ? On se le demande !
La pollution lumineuse est l’un des facteurs du déclin de la biodiversité, au sujet duquel les scientifiques nous alertent : cette érosion massive et sans précédent est véritablement catastrophique. 👉 Pourquoi parle-t-on de la sixième extinction ?
Échapper aux halos lumineux des villes devient de plus en plus difficile : il s’agit notamment de la 2ème cause d'extinction des insectes après les pesticides. Les insectes volants sont attirés par les lumières artificielles, et meurent bien souvent d’épuisement, quand ils ne sont les victimes faciles des prédateurs. Et sachant que les insectes constituent la base de l'alimentation d'un grand nombre d'animaux, c’est toute la chaîne alimentaire qui en pâtit. Les plantes, elles aussi, sont sensibles à la lumière, et voient leur cycle de développement impacté. Pourquoi ne pas faire le choix de la sobriété lumineuse, qui plus est dans le contexte actuel de crise énergétique ?
Un gaspillage énergétique monstrueux
Quand on sait que l'éclairage artificiel mondial représente 1/10ème de l'ensemble de notre consommation énergétique, et qu’en 2014, l'éclairage représentait 12 % de la consommation d'électricité française, on a du mal à comprendre que l’on continue à tolérer des pratiques aussi absurdes que de garder des enseignes ou des vitrines allumées des nuits entières… D’autant que l'éclairage public participe à l'accentuation de l'îlot de chaleur urbain 🥵.
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Des rythmes biologiques perturbés
Les organismes humains ne sont pas épargnés par ces perturbations, car notre métabolisme peut en être modifié : dérèglement de production de mélatonine (et par conséquent, sommeil affecté et facteur aggravant du cancer), cycle de digestion perturbé, obésité, diabète et maladies cardiovasculaires en sont les conséquences potentielles 🤒. L’horloge biologique et le système hormonal (qui nécessite 5 à 6 heures d’obscurité) en seraient chamboulés. Il s’ensuit une altération de la santé physique et mentale des êtres humains.
Comment réduire la pollution lumineuse : à quand l’extinction des feux ?
Si une commune sur trois pratique en France l’extinction des feux en pleine nuit 👍, cela reste insuffisant pour endiguer le phénomène. En effet, c’est davantage au crépuscule ou à l’aube que se joueraient les véritables enjeux pour la faune, car c’est à ce moment que les activités animales sont les plus intenses. Concernant l’éclairage extérieur, plus de la moitié du parc français actuel est composée de matériels obsolètes et énergivores, dont une bonne partie éclaire plus le ciel que la terre. Avec quelques efforts de rénovation, on pourrait déjà limiter un peu les frais.
Pour lutter contre la photopollution :
- Il est important de rabattre le rayonnement lumineux vers le sol, de le canaliser, à l’aide d’un dispositif d’occultation, ce qui a pour effet une meilleure efficacité de l’éclairage et évite une perte d’énergie inutile.
- La source lumineuse doit être orientée du haut vers le bas, et surtout pas l’inverse.
- Si la durée de fonctionnement des sources lumineuses se limitait aux besoins réels, la pollution lumineuse serait beaucoup plus limitée.
- Il faut savoir également que la composante bleue des LED blanche se diffuse environ 10 fois plus dans l’atmosphère qu’un éclairage sodium, à puissance lumineuse égale, et est également plus éblouissante.
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À retenir : La pollution lumineuse vient s’ajouter aux autres sources de nuisances liées aux activités humaines. Elle désigne un excès de lumière artificielle émise la nuit. Les éclairages artificiels sont si nombreux et intenses qu’ils empêchent l’obscurité nocturne de s’installer. À première vue, ce type de pollution semble moins néfaste que la pollution de l’air ou de l’eau, et pourtant, ses conséquences sont aussi méconnues que sous estimées. Ce phénomène nuit à la biodiversité et participe à son déclin vertigineux. De plus, elle est à l’origine d’un important gaspillage énergétique du fait d’un éclairage bien supérieur à ce qui est utile et nécessaire à nos activités. Enfin, elle perturbe nos rythmes biologiques et est un critère aggravant à de nombreux troubles de santé. À quand le black-out salvateur ? Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild |
Sources : geo.fr, futura-sciences.com, risquesenvironnementaux-collectivites.oree.org, notre-planete.info