C’est quoi, le sable, au juste ?
Il s’agit de l’altération d’une roche par l’effet de l’eau, du vent, et d’autres cycles naturels tels que le gel, le dégel, etc. Il existe, en fait, autant de sortes de sable que de roches sur la planète 🌍 : autant dire qu’ils sont innombrables.
Les grains de sable se caractérisent autour de trois critères, à savoir leur nature – minérale s’ils sont issus de roches ou organiques lorsqu’ils proviennent de coquilles d’animaux -, leur forme et leur dimension.
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Des activités humaines avides de sable
Les activités humaines sont très gourmandes en sable, notamment le secteur de la construction 🏗️. Il entre notamment dans la composition du béton (qui en comporte 25 %, outre 45 % de sédiments grossiers) et du verre, ce qui en fait un élément omniprésent dans notre quotidien.
Mais pas que : votre ordinateur, vos pneus, votre peinture, ou certains de vos cosmétiques, comme le dentifrice, en contiennent également, de même que les panneaux solaires. L’industrie pétrolière, elle aussi, en utilise de plus en plus afin de rendre le processus de facturation hydraulique plus efficace.
Au total, le sable représente ainsi environ 200 usages quotidiens.
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Le sable, une ressource non renouvelable
Cette ressource naturelle nécessite des centaines de milliers d’années pour être produite en grande quantité par dame nature, à la faveur d’un climat favorable à l’érosion des sols et d’une zone propice au dépôt de sédiments. Bien souvent, les conditions sont géologiquement favorables à la suite des épisodes glaciaires, caractérisés par un front de mer qui recule et une accentuation du pouvoir érosif des rivières.
Or, comme chacun le sait, notre dernière période glaciaire commence à dater un peu (il y a environ 18 000 ans), et le moins que l’on puisse dire, c’est que le climat ne prend pas vraiment ce chemin 😅.
Les apports sédimentaires seront donc durablement limités, et le sable actuellement présent sur le globe n’est pas renouvelé, conduisant à l’appauvrissement que nous connaissons.
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Quelle est la provenance de ce sable tant convoité ?
On trouve du sable dans les fonds marins et sur les plages, bien sûr, mais également sur le continent, dans des bassins sédimentaires qui donnent accès à des formations sableuses situées tant en surface qu’en sous-sol.
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Une extraction qui coûte cher à l’environnement
Comme bien souvent, qui dit opportunité économique dit désastre écologique 🫣. L’extraction du sable est un processus très préjudiciable à l’environnement. Lorsqu’il n’est pas prélevé dans des carrières, il est aspiré par des dragues au fond de l’océan, ou raclé à la pelle mécanique dans le lit des rivières.
Des techniques traumatiques pour les écosystèmes et la biodiversité, qui vont jusqu’à modifier le fonctionnement hydrologique des cours d’eau, provoquer des crues, perturber les courants marins, ou encore transformer la configuration des côtes : les terres reculent petit à petit, des îles disparaissent (25 îles de l’archipel indonésien ont été tout bonnement rayées de la carte !), des plages sont progressivement englouties 😱. 👉 Les gestes à adopter pour protéger le littoral
L’extraction du sable marin, bien souvent trop près des côtes, est un mode d’exploitation qui favorise l’érosion des sols et du littoral. Par ailleurs, l’eau de mer parvient alors à s’engouffrer dans les nappes phréatiques. Les terres agricoles se salinisent et deviennent impropres à toute culture. Certaines infrastructures humaines, également, s’en trouvent affaiblies et menacent de s’écrouler.
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Pourquoi ne pas utiliser le sable du désert ?
Tous les types de sable ne conviennent pas à toutes les utilisations, ce serait trop simple 😒. Il serait bien pratique d’aller se servir dans le désert, mais il se trouve que les grains qu’il contient sont trop petits et ronds pour entrer dans la composition du béton, ce qui accentue la pression sur les autres sources de sable, notamment le sable marin.
En définitive, moins de 5% du sable présent sur terre peut être utilisé pour cette destination. Ainsi, même Dubaï, au cœur du désert, importe son sable pour ses constructions pharaoniques et ses îles artificielles.
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Le sable, cet or jaune
Un sable devenu si précieux qu’il fait l’objet de trafics : ressource aussi rare et précieuse que le pétrole, la mafia s’est emparée de ce commerce juteux, vole et vend illégalement des milliards de tonnes de sable chaque année 💰.
En Jamaïque, par exemple, La plage de Coral Springs à Trelawny, longue de 400 mètres a entièrement disparu en une seule nuit en 2008, soit l’équivalent de 500 camions de sable, dévastant au passage tout un écosystème.
Par ailleurs, la mafia contrôlerait 45 % du sable des plages marocaines et sénégalaises. Les pilleurs de sable surfent sur la dune et jouissent de ce marché très florissant.
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Un rythme qui s’accélère
Le rythme d’exploitation actuellement pratiqué apparaît insoutenable au regard des ressources en sable dont la planète dispose : 40 milliards de tonnes de sable sont extraites chaque année dans le monde. La demande en sable a ainsi augmenté de 360 % en 30 ans, principalement sous l’impulsion de la Chine dont les besoins ont littéralement explosé.
Et pour cause : pour construire une autoroute, 30.000 tonnes de sable par kilomètre sont nécessaires. Une demande qui n’est pas partie pour s’essouffler, compte tenu de la croissance démographique mondiale et de l’urbanisation galopante. Elle pourrait croître de 45 % d’ici à 2060, d’après les résultats d’une étude parue dans la revue New Scientist en mars 2022.
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À ce rythme, les plages auront définitivement disparu à l’horizon 2100 🫢, un sacré grain de sable dans l’engrenage du tourisme ! La dégradation du littoral amplifie également l’impact de certaines catastrophes naturelles : l’extraction intensive de sable au Sri Lanka aurait, par exemple, aggravé l’impact du Tsunami de 2004, d’après la Water Integrity Network.
Comment y remédier ?
Pourtant, des solutions de substitution existent. Il serait par exemple possible d’utiliser davantage de béton recyclé ♻️, ce qui permettrait aussi de réduire l’incommensurable quantité de déchets produits par le secteur du bâtiment. Aujourd’hui, en France, la part de granulats recyclés est estimée à seulement 10% de la production nationale, c’est très insuffisant !
Béton d’argile, bâtiments en terre, bois… D’autres pistes pourraient également être explorées afin de remplacer le « tout béton ».
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À retenir
La thématique de la pénurie des ressources est au centre des débats, dans un contexte où la population mondiale, qui a récemment dépassé le cap de 8 milliards d’habitants, poursuit sa progression, et où les besoins en tout genre progressent de manière concomitante. Le sable, notamment, omniprésent dans nos quotidiens, et présent dans à peu près tout ce qui nous entoure, fait l’objet d’une véritable boulimie, qui se heurte à la réalité : ressource non renouvelable, notre appétit insatiable pour ce matériau met en péril l’équilibre de précieux écosystèmes et le littoral dans son ensemble. Une tendance qui inquiète de plus en plus, et à laquelle il faudra apporter, tôt ou tard, une réponse s’inscrivant dans la sobriété et la durabilité.
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Sources : theconversation.com, dailygeekshow.com, reporterre.net, newscientist.com, lemonde.fr, libération.fr, sciencepost.fr, consoglobe.com
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