Travailler moins pour polluer moins ?
C’est en tout cas ce que suggère une étude publiée en 2019, sur la base de données collectées par l’ONU et l’OCDE, portant sur les émissions de gaz à effet de serre, par pays et par secteur industriel. Conclusion : nos temps de travail influeraient considérablement sur le dérèglement climatique.
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La corrélation forte entre le temps de travail et la dégradation de l’environnement est désormais largement établie. Un temps de travail élevé engendre plus de PIB, lui-même corrélé à l’émission des gaz à effets de serre et à la pollution 😶🌫️.
⌚ D’après les experts, une réduction du temps de travail pourrait réduire considérablement notre empreinte carbone. Selon les résultats d’ une étude publiée en 2012, 10 % de temps de travail en moins induirait une diminution de 12,1 % de l’empreinte écologique, de 14,6 % de l’empreinte carbone et de 4,2 % des émissions de CO2.
D’autres travaux ont démontré que les pays qui ont réduit leur temps de travail ont connu une nette amélioration de leurs indicateurs environnementaux 🌿 . La semaine de 4 jours constituerait l’option la plus profitable à la planète, d’après une étude parue en 2017. Des données confirmées par un autre rapport publié en mai 2021, selon lequel travailler 4 jours par semaine sans réduction de salaire au Royaume-Uni reviendrait à retirer 27 millions de voitures de la circulation.
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Travailler moins, une nécessité écologique
N’en déplaise au célèbre slogan de notre ancien Président, Nicolas Sarkozy « Travailler plus pour gagner plus », le fait, au contraire, de réduire le temps de travail apparaît aux yeux de certains comme une nécessité écologique 🌍. 👉 Quelles sont les 5 causes principales du réchauffement climatique ?
Par quel miracle ? Du fait de la réduction des trajets travail/domicile. Par exemple, si au Royaume Uni une semaine de travail de 4 jours était instaurée, le nombre de km parcourus par les salariés serait diminué de presque 900 millions ! Une réalité que nous avons pu expérimenter du fait des bienfaits qu’ont eu le confinement et les déplacements réduits à leur minimum sur la qualité de l’air tout autour du globe : les salariés en télétravail ou en chômage partiels, fatalement, ont infiniment moins pollué sur cette période. Et pour cause : on a fait l’économie de 45 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère 😯 !
De plus, les besoins en biens et services utilisés au boulot chuteraient également, et les appareils et le matériel numérique seraient allumés moins longtemps. La consommation électrique en serait réduite, et la pollution numérique, également, s’en verrait favorablement impactée. Nous dépensons en effet plus d’électricité au travail qu’à la maison. En gros, travailler moins conduirait à utiliser, globalement, moins de ressources.
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Travailler moins pour travailler et vivre mieux
D’après les études et expérimentations menées en la matière, les employés gagneraient en productivité, leur satisfaction s’en verrait décuplée et l’absentéisme pour maladie se raréfierait 💪. En effet, le fait de travailler plus ne nous rend pas plus productif : on est généralement plus efficace en début de journée, qu’avec la fatigue accumulée de 8 heures de travail… De nombreuses études démontrent que passer du temps en dehors du travail, que ce soit par le biais de pauses ou de prises de congés, favorise la productivité et la créativité. Les salariés commettent moins d’erreurs, sont plus motivés, ce qui réduit le turn-over et les situations de burn-out. Que des bénéfices, donc, côté bien-être et efficacité des salariés. 👉 Pour améliorer votre concentration, faites un tour en forêt !
Parmi les bénéfices secondaires de la diminution du temps de transport, s’ajouterait une amélioration de la santé globale des employés, avec un recours moindre aux traitements médicamenteux et aux visites médicales. Les travailleurs disposeraient en effet de plus de temps à passer dehors, en plein air, pour faire du sport, marcher… Ils seraient davantage en contact de la nature, facteur dont on connaît aujourd’hui parfaitement les bienfaits pour la santé physique et mentale de tout un chacun.
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S’ensuivraient également des effets positifs sur la santé mentale, la gestion du stress et de l’anxiété, générés notamment par les bouchons 😊. C’est ce qu’on appelle un cercle vertueux, ou on ne s’y connaît pas !
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Plus on travaille, moins on « fait »
C’est un fait difficile à contredire : plus on passe de temps sur son lieu de travail, moins on dispose de temps libre pour faire soi-même, et plus on consomme de biens à forte empreinte écologique. Bricoler, cuisiner, réparer, jardiner… Toutes ces activités de production par soi-même, vertueuses pour l’environnement demandent du temps, du temps dont nombre de salariés ne disposent pas. Ils se rabattent sur les plats préparés, le tout fait. C’est un fait : plus on travaille, plus on pollue.
De ce fait, limiter son temps de travail pourrait mener vers une évolution vertueuse de nos modes de vie et de consommation, ce qui participerait à limiter la pollution et les émissions de CO2.
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L’éventuel effet rebond de la semaine de 4 jours : attention aux dérives
Tout dépend aussi de ce que les gens feraient de leur temps libre. Il est certain que s’ils partent davantage en week-end, ou restent chez eux avachis devant la télévision, l’opération ne serait pas particulièrement bénéfique ni pour eux, ni pour l’environnement, bien au contraire 😒…
Tout dépend également de la charge de travail pesant sur les salariés : s’il s’agit de condenser le travail de 5 jours sur 4 jours, en faisant des heures à tire-larigot, cela aura plutôt tendance à provoquer du stress de performance et de l’anxiété 🤯. Par ailleurs, les salariés les plus modestes pourraient être tentés, pour compenser la perte de revenus éventuellement engendrée, de cumuler plusieurs emplois, annulant les avantages environnementaux imputables à la démarche initiale.
Une réduction qui devra s’accompagner d’une évolution de la société et des comportements
Pour que cette démarche s’avère profitable pour la planète et pour les employés, les comportements doivent évoluer dans leur globalité. La réduction du temps de travail ne peut pas s’envisager de façon isolée. Il est nécessaire, pour y parvenir, de remettre en question le modèle de productivisme et de rentabilité que l’on a intériorisé. Notre pays demeure par exemple fortement ancré dans une culture du présentéisme, qui prend le pas sur la culture du résultat.
Plus de temps libre pourrait permettre de développer l’autoproduction alimentaire 🍆 🥕, la création de potagers, de jardins partagés… Sortir du tout salariat permettrait une transition vers une citoyenneté plus active. Utiliser moins de matière première, mais mieux, pour des biens de meilleure qualité, plus durables, alléger la pression publicitaire sur les consommateurs, favoriser la réparabilité… La course à toujours plus de croissance, à tout prix, qui prône la surproduction et la consommation de masse, sans se soucier de la réalité écologique, est un modèle qui doit structurellement changer.
La durabilité écologique doit passer par une baisse générale de la consommation, et donc de la production. C’est un véritable nouveau modèle de société qu’exige aujourd’hui la crise climatique et écologique. La réduction du temps de travail conduirait à repenser la société sur des bases différentes, qui ne se résumeraient pas aux seuls impératifs de croissance.
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Créer de l’emploi en travaillant moins
Travailler moins apparaît également comme une réponse à la suppression des emplois du fait de l’automatisation et la robotisation, ce qui engendre chômage et précarité. Quand d’un côté certains employés cumulent les heures supplémentaires, d’autres ne trouvent pas d’emploi ou doivent se contenter de perpétuels temps partiels.
À retenir :
L’oisiveté sauvera-t-elle la planète ? D’après les études menées en la matière, la réduction du temps de travail serait susceptible de créer de l’emploi, d’améliorer grandement la qualité de vie des salariés, et de profiter à l’environnement. Il s’agirait d’un intéressant levier contre le réchauffement climatique, qui se heurte néanmoins à de nombreuses résistances. Pourtant, les études les plus récentes le démontrent : il existe bien un lien étroit entre notre temps de travail et notre empreinte écologique.
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Sources : reporterre.net, theconversation.com, alternatives-economiques.fr, youmatter.world, monde-diplomatique.fr, lepoint.fr, linfodurable.fr, thegoodgoods.fr